Petite parenthèse pour les « Dentistes »
Le stage se déroule très bien. Je fais ma place dans la clinique et je prends le pli pour le rythme des journées.
Les différences avec la pratique résident en gros à trois points, mais globalement les actes sont similaires et nous n’avons pas à rougir face à la pratique nord-américaine.
Une dent reste une dent, donc les techniques opératoires sont similaires, voir quasi-identiques.
Première différence : les temps de rendez-vous. Fini les 20-30 ou 40 minutes. Les temps sont doublés, voir triplés par rapport à ma pratique en France. Cela à cause de plusieurs facteurs : les soins étant très chers, la qualité attendue et l’exigence sont un cran au dessus de celles des français (trop habitués du gratuit ou du intégralement remboursé). De plus les prix étant 5 à 8 fois supérieurs à la France, pas besoin de faire de la quantité pour « survivre » dans son cabinet.
L’autre facteur est que tu dois, en plus de tes rendez-vous, effectuer des examens complets, établir des plans de traitement et répondre aux questions des patients vu par l’équipe d’hygiénistes (Oui ,la France est un des derniers pays à interdire la présence d’hygiéniste dentaire dans l’équipe médicale… no comment) Ainsi il n’est pas rare de se faire interrompre (parfois plusieurs fois) pendant un rendez-vous. Donc il faut voir un peu plus large pour pouvoir éviter tous retards.
Deuxième différence : beaucoup de soins conservateurs et d’extractions. Peu d’endo et de prothèses. L’endo et la prothèse représente à peine 10% de l’activité d’une journée standard. Et il n’est pas rare de retirer des dents qui sont « sauvables » avec un traitement canalaire mais que tu dois enlever par manque de moyen financier (entre 500 et 1100$ l’endo).
Troisième différence : la tenue du dossier médical. TOUT doit y figurer. L’Ordre inspecte régulièrement les dossiers de tous les cabinets dentaires. C’est une question de protection juridique et de droit du patient. Pour chaque rendez-vous le dossier doit contenir au minimum : motif du RDV, Questionnaire médical remis à jour, les allergies et les médicaments, les signes cliniques, les tests effectués, les analyses des radiographies éventuelles, le diagnostic, les détails de l’acte effectué (avec les produits utilisés, les gestes effectués, les éventuelles remarques), le pronostic et les actes à faire le prochain RDV.
En gros pour un petit composite, tu arrives avec 15-20 lignes de description !
Juste avant Noël, j’ai reçu mon cadeau par mail : ma validation pour l’auto-évaluation en pharmacologie ! J’y ai passé de longues heures, à fouiner dans les livres et sur internet pour trouver les références canadiennes, mais ça a été payant. Une seule correction a été demandé !
Cet auto-évaluation consiste à répondre à des questions sur une dizaine de cas clinique.
Adulte diabétique avec un risque oslérien et allergique à la moitié du Vidal qui vient avec une nécrose pulpaire (ah oui, il est phobique et fait de l’asthme aussi donc nécessite une prémédication), ou bien un enfant qui est soigné pour une leucémie qui vient avec une primo-infection herpétique et des lésions l’empêchant de s’alimenter et de boire depuis 2 jours (donc rien per os), un hémophile qui veut se faire retirer les dents de sagesses incluses qui fait de l’épilepsie et de l’anémie etc etc etc
Bien entendu les cas ne sont pas simples et tu replonges dans tes ouvrages de pharmacologie et de pathologies médicales car tu as trop pris l’habitude d’adresser ce type de patients à l’hôpital ! huhuhu !
Il y a également une auto-évaluation sur le système de santé québécois qui se remplit en ligne sur le site du conseil de l’ordre en regardant en parallèle des petites vidéos pas très palpitantes… regarder pendant 5 heures une personne assise en train de lire un texte, y’a quand même plus existant dans la vie !
Voilà, amis Dentistes, des questions ?
R.