Message que j’ai publié sur un forum dimanche matin pour résumer notre aventure.
R.
« Dimanche 21 août 2016, 5h12, dernier jour de vacances. Ce matin j’ai mis le réveil à 5h30 pour essayer doucement de nous recaler à l’heure de Paris, mais en fait je n’arrivais déjà plus à dormir depuis 4h00. Nous décollons ce soir après avoir passé près de trois semaines au Québec. Dernier jour de vacances, mais premier jour du reste de notre vie.
Le soleil se lèvera à 6h04 , ça tombe plutôt bien car nous n’avions pas profité encore de son lever depuis cette 80ème longitude. Les grillons terminent leurs sérénades nocturnes et iront se mettre à l’abri de la chaleur ou de la pluie, ils ne le savent pas encore. Un sentiment triple se mêle actuellement dans notre esprit : un peu de nostalgie, un peu d’anxiété et beaucoup d’excitation. Ce soir nous rentrons en France, mais nous partons à jamais changé : nous savons que le compte à rebours pour notre immigration sera lancé et nous n’aurons « plus » que dix mois pour préparer notre grand saut dans le vide.
Rien n’a été facile. Tout s’est mérité. Notre dossier a été monté depuis l’automne 2014, cette décision de tenter l’aventure a été prise en été 2014. Les raisons sont multiples et personnelles, ce sont nos raisons. Chaque projet est aussi différent qu’il existe d’expériences de vie sur ce forum, donc pourquoi vouloir convaincre les autres alors qu’ils n’ont pas vécu, ne vivent pas et ne vivront peut-être pas ce que nous rencontrons dans la vie.
Tout d’abord beaucoup de recherches, des soirées entières à lire chacun de notre côté des kilomètres de blogs, de forums, de sites, d’expériences tous plus différents les uns que les autres, mais si proches pourtant. Je tenais à remercier tous les contributeurs de la toile, bloggers et forumistes car les premiers balbutiements d’un tel projet débute toujours dans l’ombre. Bien malin celui qui peut prétendre de ne pas avoir rechercher sur google et lu la moitié de la toile avant d’apporter sa contribution. Des dizaines, des centaines, des milliers de personnes lisent ces lignes, ces commentaires en silence. Amis forumistes, ne l’oubliez pas lorsque vous cliquez sur le bouton « envoyer » de votre réponse acerbe.
Après de longs mois d’attente (plus de douze) à guetter le site du MIDI, nous apprenons enfin en octobre 2015 que les quotas de réception des dossiers CSQ par l’immigration québécoise seront ouverts pour quelques 3500 dossiers. Nous ferons partis de ces dossiers reçus. Nous aurons réussi à être réceptionné dans les trois premiers jours. Mais hélas, notre dossier a tellement été préparé à l’avance que notre numéro de carte de paiement a changé sans que nous nous en soyons rendu compte. Première estocade, le dossier sera refusé pour non-paiement et renvoyé.
Les coups suivants s’annoncent ardus. Uniquement par le biais de leur site MonProjetQuébec. Lorsque nous voyons la vitesse à laquelle les dossiers papiers sont arrivés, nous angoisserons un peu sur la mise en place d’un tel système. Et effectivement les débuts plus que laborieux du site, les reports successifs dû à la trop forte affluence ont laissé présager un rude bataille pour les jours de soumission informatique. Pour cette année 2016-2017, il y aura eu deux sessions de 5000 places. Nous y étions, comme beaucoup d’entre vous, et nous échouerons à deux reprises. Comme le dit Celine Gov, nous sommes des gladiateurs et nous ne gagnons pas chaque fois. Le plus gros avantage de ce système de loterie géante est de tester la motivation à vouloir partir. Beaucoup de personnes abandonneront leur projet ou changeront de destinations. Pour nous, ça aura eu l’avantage de faire fonctionner notre imagination. En effet avant même que la première session ne se déroule (en juin 2016), nous avions commencé à réfléchir à une solution de secours, le fameux plan B. Il mettra plusieurs mois avant de mûrir et surtout nous mesurons les gros inconvénients qu’il va engendrer. Un plan B permet d’arriver à son but, tout en empruntant un chemin plus sinueux. La motivation est là pour palier à cette difficulté supplémentaire. Les plans B, il en existe des tonnes, adaptés à chaque situation, à chaque personne, le tout étant de trouver les ressources nécessaires pour en mettre un en place. Cette solution demande également de reprendre le chemin de la curiosité et de retourner faire de longues recherches afin de se parer au mieux à son organisation… retour à la case départ en somme.
Dans notre cas, nous avons la chance de faire partie des métiers de la santé avec une reconnaissance des diplômes France/Québec. Nous pencherons donc vers une recherche de stage d’équivalence (6mois) pour l’un de nous deux. Le stagiaire partira faire son stage de six mois et rejoindra la famille restée en France en attendant l’émission du diplôme par l’Ordre. A l’origine nous voulions aller vivre dans la ville de Québec, plus calme et plus famille que Montréal. Dans notre malheur administratif, nous aurons eu une chance de vie. Avec une chance incroyable, j’arrive à dégoter un stage à Gatineau. Le maitre de stage est prêt à m’attendre le temps des démarches auprès des services de l’immigration. Depuis le mois de mai, nous nous sommes lancés dans ses démarches… grand bien nous a pris ! Nous n’osons pas imaginer dans quel état d’esprit nous serions après la déconvenue des soumissions de juin et plus récemment d’août si nous n’avions pas eu cette carte dans notre manche.
Nous apprendrons un peu tard que le permis de travail temporaire que j’obtiens pour ce stage nous aurait permis de partir en famille et de donner par la même occasion un permis de travail ouvert à Madame. Cela nous aurait évité d’être séparé pendant six mois, mais nous essayons de voir le positif : cela nous permettra de nous organiser tranquillement (revendre tous nos biens en France) et surtout d’effectuer une période de test sans embarquer les enfants dedans. En cas de déconvenue, je pourrai rentrer au bercail rapidement et sans contrainte car je n’aurai que ma valise et moi-même à rentrer.
Nous nous organisons donc pour déplacer notre vie vers Gatineau et cela reste selon nous une chance énorme. Sans les différents échecs, jamais nous n’aurions regardé vers cette ville. Après plusieurs recherches et un tour sur place, nous mesurons notre chance d’y aller poser nos bagages dans un futur proche. Le hasard de la vie nous a poussé par là bas, nous y tenterons notre chance très certainement l’été prochain.
Tout cela pour dire que les difficultés et les échecs peuvent se transformer en force. La chance ne tombe pas sur nous, elle se provoque. Si vraiment vous avez des rêves, pousser les murs, abattez les montagnes, rebondissez plus haut encore, rien n’est impossible.
Demain est le premier jour du reste de notre nouvelle vie, car nous rentrons en France pour que nous organisions les derniers détails avant mon stage début septembre et pour que Madame commence à organiser notre prochain départ estival. »